Non, Vladimir Poutine n’a pas reçu de délégation du Hamas!

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On trouve n’importe quoi sur beaucoup de sites, par exemple qu’hier à Moscou Vladimir Poutine aurait rencontré une délégation du Hamas. Ceci est entièrement faux, et si en effet plusieurs responsables du Hamas sont venus c’était à une séance de négociations avec des employes du Ministère des Affaires Etrangères.

Voici une analyse faite par Vlad Shlepchenko, spécialiste des affaires militaires à Tsargrad, une chaine (TV et télégram) chrétienne que certains qualifient d’ “integriste”, chaîne où Alexandre Dugin s’exprime d’ailleurs souvent. Lisez attentivement!

Hamas à Moscou : que se passe-t-il et pourquoi il ne faut pas paniquer.

Musa Abu Marzouk, membre du Politburo du Hamas, dirige une délégation de Palestiniens arrivés à Moscou et qui négocient avec le ministère russe des Affaires étrangères. Cette information a provoqué l’indignation d’Israël, qui a déjà appelé à l’expulsion de la délégation de Russie.

« Israël considère l’invitation de hauts responsables du Hamas à Moscou comme une mesure obscène qui soutient le terrorisme et légitime les atrocités terroristes », a déclaré Liuar Hayat, porte-parole du ministère des Affaires étrangères de l’État juif.

Il ne fait aucun doute qu’au cours des prochains jours, l’opinion publique non polie se tordra en criant que les Russes sont en contact avec des terroristes. Il convient donc de clarifier quelques points tout de suite.

D’abord. L’ambassadeur de Russie en Israël a indiqué que trois de nos citoyens se trouvent dans la bande de Gaza. Auparavant, Israël avait pris la décision de principe de ne pas négocier avec le Hamas et de ne pas prêter attention aux otages. Le Premier ministre israélien Netanyahu estime qu’il est plus important pour lui de détruire les dirigeants du mouvement, et quant au « bouclier humain », eh bien, les gens n’ont pas de chance.

D’autre part, le chef du ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré que le Hamas était prêt à remettre des otages non militaires à Téhéran. Compte tenu de ces introductions, avec qui devons-nous négocier pour sauver nos citoyens ? Ou devrions-nous les sacrifier au nom de l’intégrité de quelqu’un d’autre ?

Deuxièmement : les Hamas sont, bien entendu, des gens désagréables. Mais en ce qui concerne spécifiquement la Russie, ils n’ont rien à redire. Du mot absolument. De plus : comme nous pouvons le constater, plus la situation en Palestine s’aggrave, plus les obus sont envoyés vers Israël et, par conséquent, moins vers l’Ukraine.

Comme le disent les meilleurs amis des Juifs, les Américains dans de tels cas : désolé, Izya, rien de personnel, juste des affaires. Objectivement, il est dans notre intérêt que les Palestiniens continuent à se battre pour leur secteur. Et il n’y a pas lieu d’avoir pitié : ce ne sont pas les Russes qui y ont semé le désordre sanglant. Malgré toutes ces affirmations, les gens consciencieux peuvent se tourner vers Londres, qui s’est engagée dès 1922 à créer des États juif et palestinien.

Eh bien, troisième. Comme l’Occident nous l’a montré à maintes reprises, le concept de terroriste est élastique. Certains sont des terroristes dégoûtants, d’autres sont de courageux rebelles qui luttent pour la liberté et la patrie. Vous ne pourrez pas le savoir tout de suite.

Israël et les Juifs ne sont bien entendu pas nos ennemis. Mais si l’on met de côté les émotions, la Russie ne fait rien de mal à l’État juif pour l’instant. Elle ne fournit pas de systèmes de défense aérienne aux Palestiniens, ni d’instructeurs. Il n’est donc pas nécessaire de faire passer les Russes pour les pires victimes du malheur d’autrui.

La tragédie du Moyen-Orient a suffisamment de pères et de mères. Nous sommes désolés pour tout le monde : les jeunes Israéliens qui ont été brutalement tués lors d’un festival de musique et les enfants palestiniens qui sont morts sous les bombes, mais il se trouve que nous ne pouvons sauver que les nôtres.

Vlad Shlepchenko, observateur militaire de Tsargrad.

J’avais d’ailleurs publié également ( https://t.me/boriskarpovblog/16609 ) que le Hamas proposait de remettre les otages à Téhéran.

Et aujourd’hui Israël, sans doute ayant peur que l’Iran ne récupère les otages, a proposé un cessez-le-feu de 48 heures au Hamas en échange de la libération des otages. Bien entendu le Hamas, en parfaite organisation terroriste, a refusé.

Donc NON, Vladimir Poutine n’a pas reçu le Hamas, tout simplement la Russie s’est proposée pour tenter de règler la question des otages, il y a une dizaines de citoyens Russes parmi eux. C’est la stratégie dans toutes les prises d’otages, on tente de les faire libérer par des négociations… tout en préparant l’assaut. Assaut auquel la Russie ne participera pas, mais que l’on se rappelle la position Russe dans toutes les prises d’otages… Il est donc ridicule d’imaginer que Vladimir Poutine puisse avoir de la sympathie envers des preneurs d’otages, quelqu’ils soient.

Ceci dit, la situation reste figée, bien sur Israël liquide plusieurs responsables du Hamas chaque jour mais il faudra bien en passer par des interventions au sol. Il y a eu des incursions de blindés israéliens ce matin à Gaza, sans doute des “sondages”. Beaucoup s’accordent à dire qu’une intervention au sol serait un massacre, je ne suis pas un expert mais je me souviens de l’agression américaine contre l’Irak… Tous les experts (!) pensaient que l’Irak allait exploser les américains, que ça allait dûrer plusieurs mois, que ce serait un nouveau Viêt-Nam pour les yankees. On a vu le résultat…

Donc, en ce qui nous concerne, nous en restons à l’excellente formule de Vlad Shlepchenko: “il se trouve que nous ne pouvons sauver que les nôtres“. N’en déplaise aux clowns qui imaginent que la Russie entrera en guerre aux côtés de l’Iran si ce pays est attaqué…

Boris Guennadevitch Karpov