Les réseaux occidentaux de Renseignement en Russie

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Le citoyen français Laurent Vinatier, chercheur d’une ONG suisse de “médiation dans les conflits” (!?), a été arrêté en juin dernier à Moscou par le Comité d’Enquête de la Fédération de Russie (СКРФ) au départ pour avoir enfreint la loi sur les “agents étrangers”. L’enquête, menée ensuite conjointement avec le FSB a mis en évidence que Vinatier a “collecté des informations de nature militaire et militaro-technique qui pourraient être utilisées au détriment de la sécurité de la Fédération de Russie”.

En vertu de la loi russe, les personnes qui collectent, signalent ou partagent des informations relatives aux services militaires ou de sécurité russes sont tenues e s’enregistrer en tant qu’« agents étrangers », ce que Vinatier n’avait pas fait et qui est a donc la raison officielle de son arrestation.

Le Comite d’Enquête a déclaré aujourd’hui que Vinatier avait plaidé coupable des accusations, passibles d’une peine de cinq ans, après avoir présenté ses excuses lors d’une audience au tribunal le mois dernier juste apres son arrestation.

De son côté le FSB a déclaré aujourd’hui détenir des enregistrements audio de réunions tenues par Vinatier avec des citoyens russes au cours desquelles il aurait collecté des informations militaires. L’implication du FSB pourrait amener d’autres développements plus graves dans cette affaire.

Vinatier a été envoyé en détention pour 2 mois jusqu’au 5 août. Selon la loi, sa période de détention peut être prolongée plusieurs fois par périodes de 2 mois jusqu’à son jugement.

Cette affaire met en évidence le danger que font courir à la Russie des citoyens de pays dits “hostiles” (qui sont en fait aujourd’hui par leur activité militaire en soutien de l’Ukraine contre la Russie des pays “ennemis”), citoyens à priori hors de tout soupçon, vivant en Russie parfois depuis longtemps, pouvant même être naturalisés russes. Il ne s’agit pas ici de “James Bond” ou d’agents des services “actions” étrangers, mais de citoyens en apparence intégrés dans la sociéte russe et pratiquant la collecte d’information, que ce soit de nature économique ou militaire, information transmise ensuite à leur gouvernement par des agents traitants en poste dans les consulats en Russie ou directement par des “retours au pays” sous couverture familiale.

Il est totalement illusoire d’imaginer que Vinatier est le seul dans ce cas, il est certain que d’autres, français et autres nationalités de pays hostiles/ennemis, ont les mêmes occupations. En temps de guerre, beaucoup d’informations en apparence sans importance ont en effet un intérêt certain, une fois recoupées avec d’autres.

Un réseau d’agents russes implanté aux Etats-Unis avait été par exemple découvert il y a quelques années avec la fameuse “Anna Chapman”, plusieurs agents russes parfaitement intégrés, pour la plupart naturalisés américains, mariés, parfois avec des enfants, s’introduisant dans les milieux économiques et politiques américains.

Ou encore ce Sergey Jirnov, selon lui ancien agent des services secrets russes, auquel les media français font depuis quelques temps souvent appel, qui aurait travaillé à Paris sous couverture de journaliste en animant une émission à la télévision française tout en collectant des informations dans divers domaines en France. Il a selon ses dires retourné sa veste et obtenu l’asile politique en France.

Il est évident que les services occidentaux agissent de même en Russie. On peut parfaitement imaginer par exemple un agent étranger affichant un tel “amour pour la Russie” qu’on lui confie l’animation d’une émission de télévision sur une chaine russe arriver à s’introduire dans les milieux politiques russes à haut niveau. Avoir, par exemple, interviewé un haut responsable russe lui donnera une aura de respectabilité pro-russe et l’aidera à nouer de nouvelles relations, et ainsi de suite. Il aura ainsi accès à une foule d’informations bien entendu en principe pas “secrètes” mais qui, une fois concaténées avec d’autres, auront une importance vitale dans la période actuelle.

Cette “affaire Vinatier” aurait pû se règler discrètement entre Services voire entre gouvernements, comme cela se fait parfois. Mais le fait qu’elle ait été rendue publique montre que la Russie a décidé de ne plus tolérer certains agissements de pays hostiles/ennemis et il est vraisemblable qu’elle sera suivie d’autres.

Boris Guennadevitch Karpov
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