[Note: Texte de Valérie Béranger initialement paru sur RusReinfo]
La France vit actuellement une période d’intense propagande. Il est courant d’entendre les « élites » déclarer qu’autoriser de laisser la Russie être la Russie serait naïf et suicidaire pour l’Europe, qu’accepter de sauvegarder les intérêts de la Russie conduirait à la destruction de l’Europe, de ses « valeurs » et de sa « démocratie ». Un discourt aux relents russophobes qui fait fi des intérêts de la France mais surtout des Français.
Que ce soit dans les médias ou chez nombre de politiques, les manifestations de russophobie constatées sont au fil des mois devenues de plus en plus nombreuses et de plus en plus agressives. Le parti pris systématique anti russe de la presse allant jusqu’à la dissimulation d’informations, sans compter les jugements de valeur à géométrie variable de la quasi-totalité des grands médias.
Heureusement, au sein de toute cette folie ambiante, résolument droit-de-l’hommiste, occidentaliste et atlantiste à l’excès, il existe en France un courant opposé à l’anti russe à outrance qui conquiert chaque jour une influence plus grande. Un courant qui prône qu’il serait par conséquent plus que temps pour les intérêts de la France de réduire la passion, l’obéissance à une grande puissance nord-américaine nuisible, pour s’accorder plus de raison et de bon sens.
Une inspiration qui a mis du temps à faire son chemin mais qui a en quelque sorte « éclairée » de pavés d’or le chemin de l’enfer qui nous était promis. Et avec la lumière les ombres menaçantes s’effacent, laissant la place à l’espoir de voir un jour à nouveau deux peuples distants de 2500 km se remettre à communiquer pour le plus grand bien de tous.
Pourtant tout avait bien commencé…
En 2017, le Président Vladimir Poutine rencontre Emmanuel Macron à Versailles. Il ressortira de cette visite le Dialogue de Trianon, « forum franco-russe des sociétés civiles », visant à favoriser les relations et le rapprochement entre les sociétés civiles française et russe, à travers différents types d’initiatives de coopération. En 2021, l’histoire de nos deux pays prend une avantageuse tournure et l’année est déclarée « Année croisée de la coopération interrégionale russo-française », permettant ainsi à plus de 50 régions russes d’entretenir des liens privilégiés avec leurs partenaires français.
Alors comment est-ce que cela a pu déraper ?
L’acuité de la perception mutuelle de nos deux peuples a toujours dépendu de la distance qui nous séparait et de l’intensité de nos relations. Un phénomène qu’on pourrait croire anodin du fait des moyens de transports modernes et des communications instantanées, mais qui dépend également des « valeurs » familiales, institutionnelles et religieuses qui peuvent nous séparer. Sans compter les multiples trahisons de la gouvernance française vis-à-vis du Kremlin et une vassalisation à outrance à une puissance outre atlantique dangereuse qui, depuis 2014, ont contribué à dresser un mur d’incompréhension dont les Français sont bien souvent les premières victimes inconscientes.
Néanmoins, si l’on passe outre aux « ordres » des politiques et que l’on demande aujourd’hui à ces mêmes Français ce qui représente le mieux la Russie à leurs yeux, ils vous répondront la vodka pour les uns et le caviar pour les autres. Aussi étonnant que cela puisse paraître, pour beaucoup, l’image de la Russie en France passe par l’estomac ! Les plus cultivés vous parleront sans doute de Pouchkine, Tchaïkovski, ou encore Prokoviev. Mais qui à ses heures perdues n’a pas lu La Mouette d’Anton Tchekhov, Anna Karénine de Tolstoï, ou Le Docteur Jivago de Boris Pasternak. Car la Russie c’est avant tout pour les Français de grands auteurs, des compositeurs de génie, mais aussi des scientifiques et… Noureev. Celui qui n’a pas eu la chance de voir danser à l’Opéra Garnier Rudolf Noureev ne sait pas qu’elle émotion la vue d’un ange, s’envolant tel un papillon vers les cintres, peut ainsi être sublimée sur la musique du Lac des Cygnes. Un grand danseur qui fut sans doute en son temps le meilleur représentant de son pays.
Pour les Français la Russie c’est tout ça. L’image d’un vaste pays, aux plaines et aux forêts interminables. Un pays inconnu, mystérieux, parfois un peu effrayant mais toujours attirant… En fait, les Français ont de la Russie une impression ambiguë, où se mêlent inconnu, curiosité et perplexité. Un pays où plane l’image du Kremlin, des 70 ans de Communiste de l’ex-URSS qui a laissé dans l’esprit gaulois des traces indélébiles. Mais quelle perception, après deux ans de SVO et de propagande anti russe, les Français ont-ils réellement de la Russie et des Russes ? Que pensent-ils vraiment des relations actuelles entre la France et la Russie ?
Etonnamment, malgré toute l’intoxication russophobe diffusée et largement relayée par les médias officiels, la Russie fait encore rêver les Français. Ainsi, lorsqu’ils sont interrogés pour différentes études 63 % d’entre eux disent éprouver de l’attrait pour les Russes. Un peuple qu’ils jugent majoritairement travailleur (84%), discipliné (77%), mais aussi plutôt sympathique (60%) et accueillant (59%).
De la même façon les Français considèrent à 90 % la Russie comme un grand pays, une grande civilisation (82%), un pays scientifique et technologiquement avancé (70%), sportif (68%) et dynamique (67%).
Mais si vous les poussez dans leurs retranchements sur ce qu’ils pensent vraiment des relations actuelles entre la France et la Russie vous découvrirez qu’ils s’interrogent sérieusement sur les informations qui leur sont aujourd’hui distillées à l’envi, et notamment sur la fiabilité de leurs sources. Ainsi, 57 % des Français estiment en effet que les informations communiquées sur la Russie par les médias français ne sont pas crédibles. Un chiffre qui prouve qu’un certain « retour à la réflexion » est en train de s’opérer.
Actuellement la France accueille plus de 52 500 expatriés Russes sur son territoire. On compte également plus de 53 associations recensées prônant l’amitié franco-russe, dont 16 rien qu’à Paris intra-muros, qui appliquent toutes la plus stricte neutralité vis-à-vis des autorités aussi bien russes que françaises. Ces associations, ouvertes à tous les « russisants », regroupent des personnes de toutes nationalités qui s’intéressent pour diverses raisons à la langue, l’histoire, la culture, la civilisation et la société russe. Ces associations donnent des cours de langue, de cuisine, organisent des concerts et des manifestations qui rencontrent toujours un grand succès.
Les mariages franco-russes sont légion en France et si l’on en croit les statistiques, 95 % tiennent jusqu’au décès de l’un des conjoints, alors que 46 % des mariages entre Français se terminent par un divorce ! Les Russes auraient-ils par conséquent des qualités que n’ont pas les Français ? Laissons le soin à ceux qui sont concernés d’en décider par eux-mêmes. Mais voilà au moins un bon présage car, quoi que l’on essaie de leur insuffler, la majorité des Français agissent avec leur cœur, faisant fi de la politique et de l’endoctrinement.
Malgré les réserves que la Russie suscite chez certains depuis deux ans du fait du conflit russo-ukrainien et des mensonges distillés journellement sur les antennes et dans la presse, c’est le désir de voir revenir à une véritable coopération entre les deux pays qui l’emporte aux yeux des Français. Parce que, quoi qu’on veuille bien leur faire croire, les Gaulois sont issus d’une tradition anti-libérale encore bien vivace en France, sans doute inspirée d’un anti-américanisme convaincu. Une tradition qui à leurs yeux leur rend la Russie de plus en plus sympathique.
Valérie Bérenger
Pour connaître la réaction des Parisiens au drapeau russe, un jeune Russe s’est livré à une amusante expérience de « radiotrottoir ». Conclusion : quels que soient les efforts des propagandistes occidentaux, ils ne peuvent pas inciter à la haine envers la Russie.