Français en Russie: Témoignage – A.S. 22 ans en Russie

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Suite à notre enquête sur les français en Russie, voici les témoignages de certains d’entre eux. Aujourd’hui A.S. en Russie depuis 22 ans. Tous les témoignages sont publiés sous anonymat par mesure de sécurité.

Bonjour, alors je suis venu en Russie car j’ai rencontré mon épouse lors de mes études en 2002 en France. Après un certain temps de relation, j’ai eu la possibilité de venir la première fois à Moscou en début d’hiver. J’ai découvert un autre monde et une possibilité de vivre différemment. Quand la relation fut sérieuse, ma femme m’a dit que de vivre en France ne l’intéressait pas et au contraire moi, j’étais à 100% de tenter l’expérience russe. Le risque était minime car j’étais encore étudiant et mes parents étaient prêts à m’aider.
Comme étant étudiant à l’époque, je me suis installé crescendo, d’abord 3 mois puis 6 mois pour une installation définitive.

Pour la difficulté de vivre ou pas, je ne pourrais pas dire cela comme ça. J’étais très jeune donc très demandeur d’expérience et de nouveauté. Le peuple russe a toujours été très sympathique avec moi, toujours résolu à m’aider car je n’avais aucun a priori sur la vie russe et je n’ai jamais été critique. Par exemple j’ai toujours essayer de ne pas comparer avec ma vie en France.

Bien sûr, la plus grosse difficulté fût pour apprendre la langue, mais ce n’était pas le plus dur. La plus grosse difficulté c’était de comprendre la différence de culture et de relation humaine avec ma femme (on venait de deux mondes différents, elle est née en URSS , moi en occident, et quoi qu’on dise la vision du monde était différente ainsi que la relation humaine) donc j’ai mis de l’eau dans mon vin et j’ai appris à comprendre les russes en comprenant leur relation. Et maintenant, je suis heureux de l’avoir fait et finalement cette culture et mentalité me conviennent parfaitement.

Mon réflexe au début fût de rejoindre la communauté française, mais j’ai vite déchanté. J’étais entouré soit d’expats, de jeunes avocats, technocrates… qui avaient une mauvaise vision des russes, que toutes les femmes étaient des « Natachas » et de ne faire que de l’argent. Donc je suis vite parti de la communauté, et j’ai travaillé d’abord avec des français implantés à Moscou ne travaillant qu’avec des russes puis petit à petit je me suis émancipé.

Puis j’ai eu de grosses opportunités comme de partir à Krasnaya Polyana pour faire de la construction et ouvrir des établissements de restauration (restaurant, pubs, hôtels et appartements). J’ai fait les JO de Sochi.

Après les JO, les relations avec mon partenaire se sont détériorées donc on a décidé avec mon épouse de partir en France. L’idée était de faire connaître le pays à nos enfants et faire une parenthèse de 7 ans. Donc en fin 2016, on est partis et en juin 2019, on est rentré. Pour dire gentiment, la vie en France n’est pas pour nous. Je suis de Marseille, on vivait à Aix. On a investi pas mal d’argent dans un gros restaurant, mais la mentalité, le bordel permanent, les gilets jaunes, l’insécurité, le niveau scolaire, le personnel non respectueux nous ont dégouté. J’ai réussi à revendre le restaurant en janvier 2023, ce qui m’a amené à faire des allés retours durant cette période.

Donc j’ai une mauvaise opinion de la France, j’y vais deux à trois fois par an pour voir la famille et ramené des affaires mais jamais plus de 5 jours.

Ma relation avec les russes est normal, je veux dire je vis à la russe, à part pour la nourriture à la maison. Je prépare pour la famille donc c’est classique famille française. Sinon, c’est russe, on parle à la maison russe la plus part du temps.

Pour mon attitude face au SVO, je suis russe depuis un an et demi, j’ai ma carte militaire donc je suis réserviste comme cuisinier (je suis trop vieux pour le front d’après eux). J’ai fait deux fois le choix de vivre en Russie, ma patrie est celle de mes enfants et de ma femme, donc je défendrai la Russie. J’ai fait mon choix.

Mais quoi qu’on dise, je suis français et je le resterai, pas seulement par le passeport mais aussi par mon attitude, et c’est aussi pour ça que ma femme m’aime, donc on ne peut pas nier qui on est.

Pour mon futur, c’est la Russie, la famille, projets familiaux, les affaires et des projets de développement.

J’ai, peut-être, était un peu long mais 22 ans de vie en Russie ont été très riches et je ne regrette, je pense, rien.

“A.S”